Premiers concepts

Les premières ébauches de ces appareils à tout faire remontent au milieu des années 1990 avec les Newton de chez Apple : véritable premier PDA, il manquait cependant de puissance et son prix était à l'avenant. Mais le Newton restait quand même une machine fantastique à l'époque, qui préfigurait l'arrivée des autres PDA comme les Palm ou les appareils sous Windows CE. Les avantages étaient visibles pour eux aussi : ils tenaient dans la poche et étaient relativement compatibles avec les ordinateurs personnels. Les inconvénients restaient : ils étaient encore globalement chers, finalement assez (trop ?) petits et pas si compatibles que ça avec nos vrais ordinateurs.

En fait, la force des PDA (leur encombrement) créée leur faiblesse : le manque de puissance. Et cela se révèlera être un problème d'évolution technique évident : quand on arrive à mettre plus de puissance dans un encombrement moindre... c'est qu'on peut en mettre encore plus dans un espace plus élevé : par défaut donc, les appareils plus petits seront toujours moins puissants que des appareils plus encombrants : ils ont un wagon de retard.

L'arrivée des TabletPC

En 2001, quand Microsoft dévoila le concept TabletPC (combiner la puissance de l'informatique avec la simplicité de l'écriture), j'ai très sincèrement pensé que Seline tenait son appareil à tout faire : une tablette, entièrement compatible avec les autres équipements informatiques car sous Windows, et a peu près aussi puissante. J'en ai fait nombre d'articles sur ce blog et j'en ai utilisé des dizaines. Clairement, d'un point de vue technique, le concept était validé, et là où l'ergonomie de Windows était limite vis-à-vis du stylet, l'ajout de Seline comblait cela. Le seul souci de cette plate-forme, majeur, était le prix : un TabletPC coutait au minimum 2000 euros. Dommage.

Les smartphones ont ensuite déboulé les années suivantes ainsi que des machines assez fantastiques : la série U et UX de Sony mais également les OQO de la société du même nom. Malheureusement, les Sony UX étaient complètement bâtards en terme de positionnement : trop gros pour une poche, trop petit pour être un ultraportable. Le OQO, lui, chauffait à s'en brûler les doigts. Ajoutons à cela des prix fantastiques là aussi (plus de 2000 euros), une puissance relative (pour ne pas dire autre chose au sujet de l'OQO, dites-vous qu'un DivX rame sur cette machine) et une autonomie de l'ordre de 2h et vous aurez compris que ce n'est pas la machine à tout faire attendue.

Faisons le point. Une machine à tout faire parfaite serait donc une machine à mi-chemin entre un pocketable (un PDA) et un ultraportable donc avec une diagonale d'écran entre 7 et 9 pouces. Il ne devrait pas chauffer, éviter également d'être trop bruyant (sans ventilateur ?), globalement compatible avec le reste de ces congénères (un Windows ou un Linux semble indispensable) et être autonome. Enfin, le prix devrait être inférieur au prix d'un ordinateur portable classique. Il semble que les netbooks entrent dans ce champ d'application de machine à tout faire. Leur absence d'écran tactile semble être préjudiciable mais le dernier-né d'Asus, le T91, va dans cette voie. La future tablette d'Archos, annoncée à moins de 500 euros, semble aussi un bon challenger. L'Asus garde cependant l'avantage de disposer d'un clavier contrairement à l'Archos mais ce dernier reste plus fin et plus léger.



Le projet Vingle

Il existe chez Apple un projet référencé sous le nom de code Vingle. Il est intriguant à plus d'un titre. Tout d'abord car son nom peut venir de Pierre de Vingle, un imprimeur français qui, au 16ème siècle, fut le premier à imprimer la Bible (et donc à la distribuer), une révolution qui a permis à cette invention qu'est l'imprimerie de changer la face de la connaissance. Dans "Vingle", on note également l'analogie avec "Kindle", l'ebook d'Amazon qui tente de faire dans les livres électroniques ce qu'Apple a fait avec iTunes et la musique.

Parenthèse - Pour l'anecdote, Pierre de Vingle publia aussi "Placards contre la Messe", textes qui fut à l’origine de la rupture définitive entre catholiques et protestants. C'est finalement un autre imprimeur qui fût mis sur le buché pour ces textes mais qui passa à la postérité grâce à son élève Claude Garamond. Garamond ? La police fétiche d'Apple pendant des années. - Fin de la parenthèse

Les rumeurs font état d'un appareil avec un écran de 9 pouces, tactile, permettant de lire sa musique, de se connecter au Web (Apple a investi 1 milliard de dollars pour ses services en lignes) mais également de lire des ebooks. De petits détails nous ramènent à ces hypothèses, notamment ces refus d'ebooks sur l'AppStore de l'iPhone ces dernières semaines, alors qu'ils étaient acceptés auparavant : un lancement imminent d'une plate-forme littéraire de la part d'Apple ?

Il faut savoir que Steve Jobs caresse également le rêve d'un appareil à tout faire et que les domaines de l'éducation ou du médical sont les deux piliers et terrains d'expérimentation pour ce genre d'appareil.

Les projets Wallet et Pad

eviGroup a aussi nombre de projets dans ce sens, même si il est plus judicieux de commencer par développer un logiciel pour cela. Seline en est le premier exemple frappant. Mais les projets "Pad" allaient plus loin dans le concept : SelinePad, par exemple, est clairement adapté à une utilisation tablette. Un autre projet "Pad" a vu le jour pour les architectes et se manipulait entièrement à la main. Dans le domaine médical, Medical Center est utilisable au stylet. ErudiLive profite des avancées de "Pad" mais dans le milieu de l'éducation. Enfin, Wallet semble être notre première tentative d'un assistant autonome, peu cher, et efficace dans le domaine du matériel transportable, mais pas encore un "Pad" de 9 pouces tel que j'en rêve. Il faudrait pour cela encore un peu plus de puissance, notamment pour la reconnaissance vocale, sans condamner l'autonomie ou le prix, et comme on le sait, cela n'est pas une mince affaire.

Une synergie possible entre deux mondes ?

On voit donc qu'une telle tablette pourrait devenir une machine à tout faire pour peu qu'elle soit réactive et efficace. Les dispositifs de saisie devront être sans faille également si elle ne veut pas se cantonner à être un second couteau. Cependant, imaginer qu'elle soit couplé à un appareil plus petit, type iPhone, pour les travaux extérieurs n'est pas in-envisageable : il faudra alors dans ce cas qu'elle soit en accord avec ce type d'appareil, synchroniser, et parfaitement intégrée. Vingle et iPhone semble aller dans ce sens. Seline se doit également d'y aller...