Il faut dire que le produit est idéal pour les petits revendeurs et les installateurs. Imaginez donc : le marché des tablettes est devenu un marché sans marge, et les smartphones suivent le même chemin. Un revendeur doit faire des efforts pour convaincre un client d'acheter l'un de ses produits, tout ça pour une marge de quelques euros. Le fabricant n'est pas mieux loti à cause d'une concurrence exacerbée. Au bout du compte, si la vente est réussie, revendeur et fabricant auront fait un "one-shot", et auront gagné seulement quelques euros de marge sur un client non captif et non récurrent. Pire, si un SAV intervient, la marge est réduite à néant et le produit devient une charge pour tous : le revendeur qui, avec le temps passé à expliquer, n'a rien gagné, le fabricant qui doit appliquer la garantie et réparer/remplacer le produit, tout ça pour un client qui sera - à tort ou à raison - mécontent d'avoir une tablette en panne, tant bien même qu'elle soit low-cost.

Bref, la situation sur ce type de marché n'est qu'une fuite en avant, comparable aux agriculteurs obligés de vendre à perte leur production pour générer un flux et retarder l’inéducable, la fermeture de leur exploitation.



Avec la domotique, nous revenons sur un cercle vertueux : ce type de produit est spécialisé. De fait, il s'adresse d'abord à un marché de niche, et à des clients qui savent ce qu'ils veulent. Ils ont donc les compétences pour comparer un produit low-cost par rapport à un autre. Pour le revendeur, c'est aussi positif : non seulement le panier moyen est beaucoup plus élevé (on achète jamais pour 100€ de produits domotiques - le panier moyen chez EVI tourne autour de 1000€) mais, en plus, les marges sont plus élevées, et lui permettent de payer ses charges. Bien sûr, l'expertise demandée est aussi plus importante, mais tout travail mérite salaire.

Enfin, au-delà de l'expertise de conseil et de montage d'une solution se rajoutent les services annexes, et notamment l'installation du matériel. Ici, l'ensemble de la marge revient au revendeur, et celle-ci consiste en de la main d'oeuvre, c'est-à-dire qu'il est payé pour ce qu'il fait. Ainsi, tout le monde est content : le fabricant propose un produit de qualité et les marges permettent de continuer le support et le développement. Le revendeur a une vraie valeur ajoutée puisqu'il conseille le client - Vendre ce type de produits par Internet ne lui fait aucune concurrence, le client final étant rarement un expert. Enfin, l'installateur permet de gagner en main d'oeuvre, et il s'agit très souvent du revendeur. Le client trouve enfin son compte puisqu'il est conseillé et accompagné tout au long du processus.



Il me semble que c'est la seule manière de faire de la valeur ajoutée. Développement, qualité, service et accompagnement. La proximité des acteurs permet une réactivité. Enfin, la présence d'acteurs locaux permet l'installation. Ces derniers points empêchent la délocalisation des savoirs, contrairement à un one-shot comme une tablette ou un smartphone, qui peut être (et qui est) produit à l'autre bout du monde, ou chaque intermédiaire gratte quelques euros, et où chacun contribue à appauvrir la chaîne globale, créant pour tous des frustrations, du stress, du mécontentement, et contribuant encore à tuer le business qu'ils pensent créer.

Au contraire ici, fabricant, revendeur, installateur et client sont satisfaits.

On sait que les sociétés occidentales deviennent des sociétés de services. Mais pour les revendeurs de "l'ancienne économie" qui font face à la fois aux vendeurs en ligne et à la concurrence asiatique (qui ouvrent des sites de e-commerces directement en Europe), la transformation n'a rien d'évidente. Les objets connectés peuvent être un de ces outils pour leur permettre de se transformer, et pour permettre à l'industrie européenne de perdurer.

La domotique - associée à d'autres concepts - permettra une croissance importante, même si la montée en puissance se fera sur plusieurs années.